Mai 082012
 

Ma contribution au volume En marge du canon intitulée «L’Évangile de Judas cinq ans après sa (re)découverte. Mise à jour et perspectives» est disponible en PDF sur ma page academia en mode lecture. Si vous avez de la difficulté à visualiser l’article sur academia.edu, ou encore que vous voulez l’imprimer, laissez-moi votre nom et une adresse courriel valide et je vous envoie ça en pièce attachée avec un grand plaisir (mais pas une adresse anonyme du genre mariobross34@yahoo.fr, ou bien du genre fleurdelotus@hotmail.ca – à ce type d’adresse, je réponds rarement.)

Pourquoi ai-je écris un tel texte? La vraie raison? Pensez-vous que j’ai écrit ça pour la communauté scientifique? Les vrais experts de la littérature gnostique et des évangiles dits “apocryphes” n’apprendront pas grand chose de mon article. Pas mal tout est connu des “initiés”, mais on a lancé le grand public et les chercheurs indépendants sur une fausse piste en 2006 et il semble que de ce côté, ça ait stagné malheureusement là. Le public mérite d’être mis à jour.

Il circule ainsi sur internet des interprétations loufoques (appelons un chat un chat) au sujet de l’Évangile de Judas. Ces bien étranges interprétations sont toutes inspirées, directement ou indirectement des livres publiées en 2006 par la National Geographic Society (et même dans certains cas de d’autres livres qui s’inspiraient de rumeurs qui avaient précédés la publication par la National Geographic). Depuis, il en a coulé de l’eau sous les ponts et cette interprétation fictive, juste bonne pour Hollywood, est reléguée aux oubliettes. Pourtant, pas plus tard que cet avant-midi, un ami m’a fait parvenir un PDF dans lequel Daniel Meurois notamment et quelques autres qui se sont autoproclamés “exégètes” donnent leurs avis sur l’Évangile de Judas à partir des livres de la National Geographic et on y parle de censure de la part de qui pensez-vous? Bien oui, selon cette bande de rigolos, c’est encore l’Église, le Vatican et les universitaires qui cachent tout! (Ça devient lassant ce manque de créativité…) Vraiment, je lisais ça tranquillement cet avant midi et je n’en revenais pas tellement ce genre d’article berne le public et les honnêtes gens au sujet du contenu véritable, non seulement de l’Évangile de Judas, mais aussi de toute la bibliothèque de Nag Hammadi! C’est vraiment le syndrome “Da Vinci code” à son meilleur. Parfois ça frise tellement le ridicule que c’est gênant pour ces gens qui écrivent ça. Je ne donne pas le lien de cet article afin de ne pas lui faire de publicité. Si les collègues chercheurs veulent lire ça, écrivez-moi.

Je raconte quoi dans mon article? Des trucs techniques (avec des citations en copte et en grec – mais je songe à en écrire une version vulgarisée… j’ai juste besoin d’un bon gérant ou d’une bonne gérante!) Mais aussi plein de choses toutes simples que le public ignore malheureusement. Parmi celles qui ont le plus d’impact :

 

  1. La traduction de la National Geographic comporte des fautes de syntaxe (disons-le ainsi…) qui font dire au texte l’exact opposé de ce qui est contenu dans le papyrus en langue copte.
  2. L’équipe de la National Geographic avait mal lu le papyrus original en copte. Ainsi, leurs publications à l’intention du grand public disent parfois l’exact opposé de ce qui est dit sur le papyrus. Ces erreurs grossières sont presque toutes corrigées dans la grosse édition critique du texte en langue copte publiée par la National Geographic et destinée aux spécialistes, mais aucune version corrigée n’a été publiée à l’intention du grand public…
  3. Des fragments de pages qui manquaient (c’est l’antiquaire Bruce Ferrini qui les avait conservés) ont été récupérés par les chercheurs qui composaient l’équipe éditoriale de la National Geographic. Grâce à ces fragments une importante conjecture qui reconstituait une prétendue transfiguration et élévation de Judas se trouve infirmée. De plus, le fameux extrait «tu les surpasseras tous, car tu sacrifieras l’homme qui me sert d’enveloppe charnelle» qui a fait la une des médias et qui semblait proposer que Judas avait répondu à une demande de Jésus et avait surpassé en sagesse et en vertu les autres disciples se trouve clarifiée. Ce en quoi Judas surpasse les autres, c’est plutôt dans le mal puisqu’il sacrifie Jésus au démon Saklas!

Comment se fait-il que l’équipe éditoriale ait rendu disponible à la communauté scientifique ces fragments qui manquaient, mais que le grand public n’en ait pas été informé? La National Geographic a-t-elle publiée une nouvelle traduction destinée au public afin de rendre disponible une version conforme à ce que le papyrus contient? On veut le même battage médiatique SVP!!

Pour mes amis friands d’histoire de conspiration et d’ésotérisme, cet article constitue donc un cadeau que je vous offre avec amour et respect! Vous avez l’heure juste maintenant. Une fausseté répétée 1000 fois ne deviens pas une vérité, ni une accumulation de 1000 mauvaises preuves ne devient une vraie preuve.

**En date du 6 janvier 2013 j’ajoute un lien vers la nouvelle traduction française de Pierre Cherix (Université de Genève) qui tient compte des nouveaux fragments (un PDF va s’ouvrir) : http://www.coptica.ch/Cherix-EvJudas.pdf.

À vous d’en tirer vos conclusions.

Avec mes salutations amicales.

Serge

  3 Responses to “L’Évangile de Judas cinq ans après sa (re)découverte. Mise à jour et perspectives.”

  1. Bonjour Monsieur Cazelais,

    Simplement un petit mot pour vous dire que vos spécifications sur les évangiles apocryphes sont très appréciées.

    Car on a beau être assez inspiré pour saisir le message chrétien, encore faut-il qu’il y ait des spécialistes comme vous qui sont en mesure de traduire le message de façon convenable.

    Merci

  2. Bonjour,

    Je suis étudiante en théologie et j’aimerais beaucoup télécharger cet article que vous avez écrit : « L’Évangile de Judas cinq ans après sa (re)découverte. Mise à jour et perspectives. » Serait-il possible de ma le transférer si cela ne vous dérange pas?

    Un grand merci,

    Charlotte

    • Je viens de l’envoyer. Vous vérifierez vos courriels, notamment le dossier “indésirable” au cas où.

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