Sep 182012
 

 

(En date du 13 avril 2014, suite à la publication d’un dossier scientifique dans le Harvard Theological Review, j’ai écrit une mise à jour disponible ici.)

Karen King vient de présenter à la communauté scientifique un fragment de papyrus en copte qu’elle et quelques autres datent du 4e siècle. Le document attribue notamment à Jésus les mots «mon épouse» […] «elle sera en mesure d’être mon disciple». Le problème avec ça est qu’aucun critère ne permet de dater paléographiquement un papyrus copte avec autant de précision. L’analyse de l’encre au c14 n’est pas envisageable (à cause de la dimension du document – c’est trop petit ). Quelques collègues (notamment un des bons paléographes que je connaisse, un vrai spécialiste des manuscrits coptes, Alin Suciu) ont déjà émis de très grosses réserves quant à l’authenticité de cet artéfact. Ma première réaction lorsque j’ai vu la photo du papyrus est que ça semble bizzare et grossier comme écriture. À mon sens, il est prématuré de conclure quoi que ce soit. Quoi qu’il en soi, ça a fait les manchettes du NY Times

Je précise que ce qui me fait douter de l’affaire, ce ne sont pas des considérations doctrinales, ni parce que ça “ébranle la foi” ou que ça heurterait mes convictions. Le doute vient du fait que le papyrus, tel que vu dans les médias, comporte des anomalies importantes (voir mes ajouts en bas de la page et un lien vers la dite photo.)

 

Cela dit, le concept d’épouse du Christ est quelque chose de bien documentable dans la littérature spirituelle patristique. Mais ça ne signifie pas qu’il s’agisse d’un mariage dans le monde matériel, si je puis le dire ainsi. C’est comme le baiser sur la bouche que Jésus donne à Marie Madeleine dans l’Évangile de Philippe (un des pivot du Da Vinci Code et du livre Holy Blood and the Holy Grail). Ce baiser est le signe, ou le processus du transfert de l’Esprit et de la naissance spirituelle. On cite souvent en effet le logion 55 de l’Évangile de Philippe (les mots et les lettres entre crochets indiquent que l’éditeur les a restitués par une conjecture) :

(55) La Sagesse qu’on appelle « la stérile » est la mère [des] anges et [la] compagne du S[auveur].

[Quant à Ma]rie Ma[de]leine, le S[auveur l’aimait] plus que [tous] les disci[ples et il] l’embrassait sur la [bouche sou]vent. Le reste des [disciples]  [ . . ] . . . . . [ . ] . [ . . ] . . ils lui dirent : « Pourquoi l’aimes-tu plus que nous tous ? » Le Sauveur répondit et leur dit {   } « Pourquoi ne vous aimé-je pas comme elle ? »

Mais on mentionne beaucoup plus rarement ce qui vient avant dans le texte et qui constitue la clé herméneutique, les logia 30 et 31 (j’ajoute les caractères gras) :

(30) Tous ceux qui sont engendrés dans le monde c’est par la nature qu’ils sont engendrés, et les autres, c’est [d’où] ils sont engendrés qu’ils se nour[rissent]. L’homme, c’est de la [pro]messe qu’il re[çoit sa nourri]ture, en [vue du li]eu d’en haut. [S’il . . . . ] lui de la bouche – [d’où] provient la parole -, alors il serait nourri par (ce qui provient de) la bouche et il deviendrait parfait.

(31) En effet, les parfaits, c’est par un baiser qu’ils conçoivent et engendrent. C’est pourquoi nous aussi nous embrassons mutuellement et c’est par la grâce qui est en nous mutuellement que nous recevons la conception.

C’est une interprétation de la symbolique des noces dans le Cantique des cantiques («Qu’il me donne des baisers de sa bouche…») dont fait écho l’Apocalypse de Jean (les noces de l’Agneau) qui l’exprime littéralement : «L’Esprit et l’Épouse disent “Viens”» (Apocalypse 22.17). Nous (incluant les exégètes et les historiens) ne comprenons plus tellement bien ce langage qui exploite l’allégorie et la typologie. Mais c’est ainsi que les chrétiens s’exprimaient, ainsi que la branche rabbinique la plus mystique dans le judaïsme. J’ai un article sur ce sujet qui s’en va bientôt sous-presse “Husband and Wife as Spirit and Soul”. Je vous tiendrai au courant 😉

Marie Madeleine est à la mode, j’en avais déjà parlé abondamment ailleurs, notamment dans cette recension d’un livre qui lui avait été consacré en 2006.

****

 

– Ajouts (19 septembre 2012) : Sur la page facebook du Concordia Nag Hammadi Seminar, Louis Painchaud en appelle à la prudence et émet des réserves sur des bases paléographiques et papyrologiques. Il avait envoyé une lettre au site Jeunes et religions au Québec où on peut la lire : Épouse de Jésus : Prudence, dit un spécialiste (ajout du 27 nov 2016 : on me signale que cette lettre n’est plus en ligne).

 

– Je note que l’annonce a été faite au médias avant que la communauté scientifique n’ait pu examiner le papyrus (comme dans le cas de l’Évangile de Judas dont le contenu après coup s’est avéré être complètement différent de ce que la National Geographic et les médias avaient annoncé au public). On a pourtant prit soin de fournir une photo aux médias…

 

– Toujours sur facebook (18 septembre 2012, tard en fin de soirée), Brice Jones (candidat au Ph.D à l’U. Concordia) souligne quelques anomalies visibles sur la photo du papyrus.  Les lettres deviennent plus foncées à deux endroits bien précis. L’encre semble avoir “bavé” et le texte avoir été retouché exactement (quel hasard) où sont inscrits les mots «mon épouse» (taHime en copte) et «ma (naei en copte) disciple». Étrangement, les médias ne le disent pas et Karen King ne le signale pas dans ses travaux préliminaires. Or, une analyse paléographique qui se tient devrait en principe signaler un tel détail, surtout qu’il concerne les deux mots qui font couler de l’encre dans les médias et qui excitent les passions.

 

– Sur le blog d’April DeConick

Sur le blog de Marc Goodacre

– Alin Suciu : «I would say it’s a forgery. The script doesn’t look authentic» et de Stephen Emmel : «There’s something about this fragment in its appearance and also in the grammar of the Coptic that strikes me as being not completely convincing somehow».

En français sur cyberpresse : Un expert de l’Université Laval, à Québec, compte parmi ceux qui remettaient en question, mercredi, l’authenticité d’un fragment de papyrus du IVe siècle qui affirme que Jésus était marié.

 

Mise à jour 14 novembre 2013 : Larry Hurtado note que toujours rien n’a été publié

R.I.P. Marvin Meyer

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Août 182012
 

English version follows the French.

Hier après-midi, j’ai reçu la triste nouvelle du décès de l’historien, spécialiste du christianisme ancien Marvin Meyer. Il aurait succombé à un mélanome le 16 août 2012. Marvin était professeur d’études bibliques et d’histoire du christianisme à Chapman University en Californie. Il était titulaire d’un Ph.D de Claremont Graduate University et avait fait des études en théologie à Calvin Theological Seminary où il avait reçu le grade de M. Div.

Ses publications et certaines de ses positions étaient très médiatisées et parfois, disons-le, un peu controversées. J’ai critiqué son interprétation de l’Évangile de Judas et j’avais eu l’occasion d’échanger avec lui à ce sujet. Malgré nos différences de point de vue, je le dis avec coeur et conviction: c’était un chic type et je l’aimais beaucoup.

J’ai eu la chance de le côtoyer dans le cadre de congrès et de colloques et surtout, j’ai eu le privilège de partager avec lui plusieurs repas, parfois sur le pouce, un sandwich entre deux séances lors de congrès savants. Marvin a toujours été gentil et extrêmement généreux avec moi. Pour l’anecdote, il m’a déjà commandé une bouteille de vin au restaurant parce qu’il savait que je n’avais pas les moyens de m’en payer une. Lors du congrès des “Societas Magica” à Waterloo, Ont. en 2008, alors qu’il était le “key-note speaker”, il m’avait invité deux fois à manger seul avec lui en plus d’aller prendre une longue marche sur le campus de l’Université de Waterloo afin de discuter d’un détail du texte copte de l’Évangile de Judas. Quoi de mieux aussi que de partager un pichet de bières avec quelqu’un afin d’apprendre à l’apprécier? Pourtant, je suis loin d’être une tête d’affiche dans le monde académique. Mais Marvin, était comme ça. Il nous faisait sentir que nous comptions pour lui. Au cours de l’hiver dernier, un collègue m’avait écrit par courriel que Marvin me transmettait ses salutations. Ce sont les dernières nouvelles que j’avais reçues de lui. J’ignorais qu’il était malade à ce point.

J’appréciais sa bonne humeur, et c’est une lourde perte pour le monde académique. Mes pensées et mes prières accompagnent son épouse Bonnie, ses enfants, sa famille et ses amis.

Repose en paix Marvin!

 

Yesterday afternoon, I received the sad news that Dr. Marvin Meyer has passed away. He reportedly died of melanoma, 16 August 2012. Marvin was professor of biblical studies and Christian history at Chapman University in California. He held a Ph.D. from Claremont Graduate University and had studied Theology at Calvin Theological Seminary where he received the M.Div. degree.

Some of his publications and positions were often publicized in the medias and sometimes, in my view, a little controversial. I criticized his interpretation of the Gospel of Judas and I had the opportunity to exchange with him about it. Despite our differences of opinion, I say it with heart and conviction: He was a nice guy and I liked him very much.

I have been fortunate enough to meet and work with him during conferences and symposia, and especially, I had the privilege of sharing a few meals with him, sometimes on the run, a sandwich between two sessions. Marvin has always been kind and extremely generous to me. Anecdotally, one time we came across each other in a restaurant and he ordered me a bottle of wine because he knew that I could not afford to have one. During the « Societas Magica » in Waterloo, Ont. in 2008, while he was the « key-note speaker » he invited me to eat with him twice and we went after to take a long walk on campus at the University of Waterloo to discuss a detail in the Coptic text of the Gospel of Judas. Moreover, is there a better way than sharing a pitcher of beer with someone to measure how a great human he is? Yet I am far from being the hottest researcher in the field, but Marvin was the kind of person that made you feel important when he was with you. During last winter, a colleague had written me an email, sending me Marvin’s greetings. This was the last news I received from him. I did not know he was sick at that point.

I appreciated his good humor, and his passing away is a great loss in the academic world. My thoughts and prayers are directed toward his wife Bonnie, his children and his relatives and friends.

Rest in peace Marvin!

(Thanks to Brice Jones who kindly revised my English version.)

 

Ailleurs sur le web :

Blog de Stephan Huller

Blog de Alin Suciu

Blog de Jim Davila

Blog de James Tabor

 

 

Série à Radio Ville-Marie (première partie)

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Juil 192012
 

Mon cousin Normand Cazelais, ainsi que moi-même commençons à enregistrer au début du mois d’août une série consacrée aux trois premiers siècles intitulée : Aux premiers temps de la chrétienté (origine et développement du christianisme) pour Radio Ville-Marie. La diffusion commence début septembre.

Normand anime depuis quelques années des émissions hebdomadaires sur cette chaîne et il a été à la barre d’une série consacrée à Jacques Grand’Maison. Je serai donc entre bonnes mains!

Restez à l’écoute, les détails sont à venir. L’horaire est ici : https://sergecazelais.com/serie-a-radio-ville-marie-2/

Mai 082012
 

Ma contribution au volume En marge du canon intitulée «L’Évangile de Judas cinq ans après sa (re)découverte. Mise à jour et perspectives» est disponible en PDF sur ma page academia en mode lecture. Si vous avez de la difficulté à visualiser l’article sur academia.edu, ou encore que vous voulez l’imprimer, laissez-moi votre nom et une adresse courriel valide et je vous envoie ça en pièce attachée avec un grand plaisir (mais pas une adresse anonyme du genre mariobross34@yahoo.fr, ou bien du genre fleurdelotus@hotmail.ca – à ce type d’adresse, je réponds rarement.)

Pourquoi ai-je écris un tel texte? La vraie raison? Pensez-vous que j’ai écrit ça pour la communauté scientifique? Les vrais experts de la littérature gnostique et des évangiles dits “apocryphes” n’apprendront pas grand chose de mon article. Pas mal tout est connu des “initiés”, mais on a lancé le grand public et les chercheurs indépendants sur une fausse piste en 2006 et il semble que de ce côté, ça ait stagné malheureusement là. Le public mérite d’être mis à jour.

Il circule ainsi sur internet des interprétations loufoques (appelons un chat un chat) au sujet de l’Évangile de Judas. Ces bien étranges interprétations sont toutes inspirées, directement ou indirectement des livres publiées en 2006 par la National Geographic Society (et même dans certains cas de d’autres livres qui s’inspiraient de rumeurs qui avaient précédés la publication par la National Geographic). Depuis, il en a coulé de l’eau sous les ponts et cette interprétation fictive, juste bonne pour Hollywood, est reléguée aux oubliettes. Pourtant, pas plus tard que cet avant-midi, un ami m’a fait parvenir un PDF dans lequel Daniel Meurois notamment et quelques autres qui se sont autoproclamés “exégètes” donnent leurs avis sur l’Évangile de Judas à partir des livres de la National Geographic et on y parle de censure de la part de qui pensez-vous? Bien oui, selon cette bande de rigolos, c’est encore l’Église, le Vatican et les universitaires qui cachent tout! (Ça devient lassant ce manque de créativité…) Vraiment, je lisais ça tranquillement cet avant midi et je n’en revenais pas tellement ce genre d’article berne le public et les honnêtes gens au sujet du contenu véritable, non seulement de l’Évangile de Judas, mais aussi de toute la bibliothèque de Nag Hammadi! C’est vraiment le syndrome “Da Vinci code” à son meilleur. Parfois ça frise tellement le ridicule que c’est gênant pour ces gens qui écrivent ça. Je ne donne pas le lien de cet article afin de ne pas lui faire de publicité. Si les collègues chercheurs veulent lire ça, écrivez-moi.

Je raconte quoi dans mon article? Des trucs techniques (avec des citations en copte et en grec – mais je songe à en écrire une version vulgarisée… j’ai juste besoin d’un bon gérant ou d’une bonne gérante!) Mais aussi plein de choses toutes simples que le public ignore malheureusement. Parmi celles qui ont le plus d’impact :

 

  1. La traduction de la National Geographic comporte des fautes de syntaxe (disons-le ainsi…) qui font dire au texte l’exact opposé de ce qui est contenu dans le papyrus en langue copte.
  2. L’équipe de la National Geographic avait mal lu le papyrus original en copte. Ainsi, leurs publications à l’intention du grand public disent parfois l’exact opposé de ce qui est dit sur le papyrus. Ces erreurs grossières sont presque toutes corrigées dans la grosse édition critique du texte en langue copte publiée par la National Geographic et destinée aux spécialistes, mais aucune version corrigée n’a été publiée à l’intention du grand public…
  3. Des fragments de pages qui manquaient (c’est l’antiquaire Bruce Ferrini qui les avait conservés) ont été récupérés par les chercheurs qui composaient l’équipe éditoriale de la National Geographic. Grâce à ces fragments une importante conjecture qui reconstituait une prétendue transfiguration et élévation de Judas se trouve infirmée. De plus, le fameux extrait «tu les surpasseras tous, car tu sacrifieras l’homme qui me sert d’enveloppe charnelle» qui a fait la une des médias et qui semblait proposer que Judas avait répondu à une demande de Jésus et avait surpassé en sagesse et en vertu les autres disciples se trouve clarifiée. Ce en quoi Judas surpasse les autres, c’est plutôt dans le mal puisqu’il sacrifie Jésus au démon Saklas!

Comment se fait-il que l’équipe éditoriale ait rendu disponible à la communauté scientifique ces fragments qui manquaient, mais que le grand public n’en ait pas été informé? La National Geographic a-t-elle publiée une nouvelle traduction destinée au public afin de rendre disponible une version conforme à ce que le papyrus contient? On veut le même battage médiatique SVP!!

Pour mes amis friands d’histoire de conspiration et d’ésotérisme, cet article constitue donc un cadeau que je vous offre avec amour et respect! Vous avez l’heure juste maintenant. Une fausseté répétée 1000 fois ne deviens pas une vérité, ni une accumulation de 1000 mauvaises preuves ne devient une vraie preuve.

**En date du 6 janvier 2013 j’ajoute un lien vers la nouvelle traduction française de Pierre Cherix (Université de Genève) qui tient compte des nouveaux fragments (un PDF va s’ouvrir) : http://www.coptica.ch/Cherix-EvJudas.pdf.

À vous d’en tirer vos conclusions.

Avec mes salutations amicales.

Serge

Avr 272012
 

Sur le blog de Michael Langlois :

Christian Palestinian Aramaic Unicode Font

La plupart des éditions utilisent des caractères syriaques pour noter les textes conservés en dialecte christo-palestinien (araméen occidental). L’alphabet est le même, mais ses caractères sont distincts dans les manuscrits. Alain Desreumaux a ainsi dessiné une belle police de caractères christo-palestiniens et l’a rendue disponible à la communauté scientifique. Elle s’utilise avec un clavier unicode syriaque. Michael Langlois en offre un qu’il a produit (le lien est sur son blog). Il est destiné aux clavier AZERTY. Pour les nord-américains, un clavier syriaque QWERTY est disponible sur le site de Michael Reißer.

Ce sont de beaux caractères. J’ai essayé sur divers traitement de textes. Sur OpenOffice pour Mac OS X (ce que j’utilise quotidiennement) ce n’est cependant pas concluant. Les liaisons ne se font pas. J’utilise des caractères unicodes pour le grec et le copte sur OpenOffice, mais je suis encore avec le true type pour les caractères sémitiques : SPEdessa pour le syriaque et SPTiberian pour l’hébreu et l’araméen biblique. Beth Mardutho recommande aux utilisateurs Mac le traitement de texte Mellel. J’ai jeté un coup d’oeil et ce n’est pas trop cher. Je viens de le télécharger et ils offrent 30 jours d’essai. Franchement, sur Mellel c’est concluant! Il ne me reste qu’à espérer qu’un généreux mécène achète pour moi la licence. 😀

ms036 schoyen collection

Palimpseste de la collection Schøyen (Schøyen 38).

Fragments de l’Évangile de Matthieu 26. 59-68; 26.70-27.2; 27.3-10 en araméen christo-palestinien.

Bibliographie

  • Alain Desreumaux, Codex sinaiticus Zosimi rescriptus. Description codicologique des feuillets araméens melkites des manuscrits Schøyen 35, 36 et 37, Lausanne : Éditions du Zèbre (Histoire du texte biblique 3), 1997, 208 p., 8 pl.
  • Christa Müller-Kessler, “Christian Palestinian Aramaic and Its Significance to the Western Aramaic Dialect Group”, Journal of the American Oriental Society 119 (1999), pp. 631-636.

La nouvelle édition de la TOB

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Avr 252012
 

Pour faire suite à l’article précédent, un ami me signale que la nouvelle édition de la Bible TOB (qui date quand même de 2010) intègre six livres supplémentaires qui sont en usage dans la tradition de l’Église orthodoxe (donc, six autres livres deutérocanoniques). Ces livres sont :

  • 3 et 4 Esdras
  • 3 et 4 Maccabées
  • La prière de Manassée
  • Le Psaume 151

Des détails ici :

Une nouvelle édition de la TOB… avec six livres de plus ?

 

Avr 242012
 

Il circule sur le web une certaine confusion au sujet des livres dits “apocryphes”. On ne blâme pas les gens de bonne volonté de ne pas s’y retrouver. On dirait en effet que pour ce type de sujet, le web est l’endroit par excellence pour se confondre dans un tas d’opinions personnelles qui ne servent souvent qu’à vendre une salade mal assaisonnée.

J’ai reçu hier quelques courriels m’informant de l’existence d’une Bible au contenu subversif. Rien de moins! Cette Bible contiendrait en effet des livres “apocryphes”, me dit-on! On me précise qu’elle aurait un imprimatur de Pie XII, rien de moins! Une Bible tellement secrète et au contenu si explosif qu’aucune trace n’en subsisterait sur internet!

Qu’est-ce donc que cette Bible?

Il s’agit tout simplement d’une édition catholique publiée sous la direction du Cardinal Liénart! Rien de bien bien compliqué, une édition catholique tout à fait standard. Un simple survol du web nous fait trouver de nombreuses images de la couverture ou de la page titre de cette version et moi-même je l’ai souvent vue chez des bouquinistes à Montréal et à Québec. Il ne s’agit donc pas d’une édition secrète ou subversive au point où l’Église catholique en aurait fait disparaître les traces. Bien non, c’est une édition tout ce qu’il y a de plus ordinaire.

Pourtant, me dit-on, des livres “apocryphes” y sont inclus.

Un peu de lumière, s’il vous plait!

La confusion vient de l’usage sémantique du mot “apocryphe” qui n’a pas tout à fait la même signification dans l’usage anglophone que francophone. Mais encore, les protestants utilisent bien souvent eux aussi le mot “apocryphe” pour désigner un certain ensemble de livres dans le même sens que l’usage anglophone. De là ce constat qu’il existe un charabia quasiment indéchiffrable sur internet sur des sites traduits à la va-vite, souvent traduits en ligne de manière automatique. De plus, certains auteurs de sites sont manifestement mal informés et le résultat est un vrai melting pot où l’homme et la femme de bonne volonté s’y confondent.

Je vais essayer de simplifier ça à l’extrême.

Ces livres qu’on me dit être des livres “apocryphes” (Tobit, Baruch, Le Siracide, ou Ecclésiastique et quelques autres) sont en fait les livres deutérocanoniques qui sont inclus dans toutes les versions bibliques catholiques standards selon le canon (ou liste) de l’Ancien Testament de la Vulgate latine. Pour le redire le plus simplement du monde : ces “apocryphes” sont inclus dans toutes les bibles catholiques courantes comme par exemple la Jérusalem, ainsi que la version oecuménique TOB ou la Crampon ou la Osty (bref, toutes les éditions catholiques romaines). Ces livres, on les appelle deutérocanoniques. Le problème vient donc de la terminologie.

Un exemple est cette version anglaise que j’ai à la maison. (moi aussi j’ai donc une Bible “top secrète”!)

Il s’agit de la traduction dite “New Revised Standard Version” dans une édition des presses de l’Université d’Oxford. Voyez mon doigt et la mention With the Apocrypha. Qu’est-ce que cela signifie?

Les anglais disent ainsi tout simplement “apocrypha” là où les catholiques francophones disent “deutérocanoniques”. Un traducteur en ligne comme celui de Google risque d’y perdre son latin. 😀

On continue?

Les “apocryphes” alors, c’est quoi?

Pour le dire le plus simplement du monde : Là où les catholiques et les francophones disent “apocryphes”, les anglo disent plutôt “pseudepigrapha”. Ainsi, ce que les catholiques francophones et les universitaires nomment “apocryphes” (donc des livres comme l’Évangile de Thomas, les Actes de Jean et bien d’autres), les anglophones les nomment “pseudepigrapha”. Pour ajouter à la confusion, certains éditeurs anglophones ont aussi utilisé “apocrypha” pour désigner ce corpus. De plus, il y a aussi des Bibles catholiques éditées en milieux protestants qui utilisent le mot “apocryphes” dans leurs tables des matières.

On résume avec un petit tableau :

Deutérocanonique = Apocrypha (apocryphes pour certains protestants)

Apocryphe = Pseudepigrapha (pseudépigraphe en français)

 

 

Examinez attentivement la table des matière de ma Bible en anglais (cliquez simplement sur l’image pour plus de clarté, une nouvelle fenêtre va s’ouvrir). La liste des livres inclus dans cette édition est ici en ordre alphabétique. Trouvez les noms des livres qui ne vous sont peut-être pas familiers, notamment, mais pas exclusivement : Baruch, Bel and the Dragon, 1 Maccabees – 4 Maccabees, Prayer of Manasseh, Susanna, Tobit.

 

Ce qu’il faut débroussailler, c’est qu’au départ, pour ce que nous appelons l’Ancien Testament, il y avait un canon juif palestinien qui est encore aujourd’hui utilisé par les juifs contemporains. Les protestants utilisent aussi cette liste de livres.


Mais…

Dans l’Antiquité, les juifs de langue grecque avaient quelques livres de plus dans leur corpus. Les chrétiens ont naturellement continué à utiliser ces livres (mais non pas les communautés rabbiniques, héritières du judaïsme palestinien). Jérôme (le bon moine devenu un “saint”) en a traduit quelques un en latin et ils se sont ainsi retrouvés dans la Vulgate latine, et de nos jours dans les bibles catholiques. Ces livres “apocryphes” sont donc ceux-ci et si vous regardez dans la Bible de Jérusalem par exemple, vous constaterez qu’ils sont bel et bien là! La nouvelle édition de la Bible TOB incorpore même six nouveaux livres qui sont en usage dans la tradition des Églises orthodoxes.

On continue à débroussailler…

Les Églises chrétiennes dites Orthodoxes, les églises d’Orient comme les éthiopiens, les syriens, les coptes ont conservé d’autres livres au sein de leurs Ancien Testament (le nom qu’on utilise pour nommer l’Ancien Testament chez eux est la “Septante”, ou selon son abréviation courante, la LXX). Par exemple, il y a quatre livres des Macchabées dans la Septante (comme dans ma version en anglais) alors que dans la Vulgate latine – donc dans les éditions catholiques, il y en a seulement deux. Il y a aussi dans la Septante un livre intitulé “Les Odes” et quelques autres livres qui ne sont pas dans la Vulgate latine, donc pas dans les éditions catholiques.

On débroussaille encore un peu? Si c’est trop compliqué, passez. 🙂

Déplaçons nous donc en Éthiopie et… nous trouvons deux autres livres inclus dans leur Ancien Testament : “Le livre des Jubilées” et “le Livre d’Hénoch” (ce fameux livre que les érudits orthodoxes citaient et que les catholiques latins cherchaient désespérément). Pas caché donc, ni censuré, ni rien de ça (comme on le prétend souvent dans une certaine culture populaire). Il est tout à fait là, dans leurs bibles.

Autrement dit, si on résume et simplifie au maximum, le mot “apocryphe” n’a pas la même signification en anglais qu’en français. Sur internet, bien souvent on trouve de l’information floue parce que les sites passent d’une langue à l’autre via les traducteurs automatiques en ligne, ainsi que suite au manque d’information de ceux qui écrivent ces sites.

De plus, les listes de livres de l’Ancien Testament varient selon qu’on a affaire à une version protestante ou catholique ou orthodoxe ou juive.

Rien donc là de bien secret!

Voilà donc et fin du mystère!

Je vais ajouter une bibliographie de volumes de base d’ici quelques jours. Vous repasserez!

 

(15 janvier 2013) La voici cette bibliographie de base, pour lire les textes (merci à M. Chaput)

 

La Bible. Écrits intertestamentaires, Bibliothèque de la Pléiade no. 337, Éditions Gallimard, 1987.

Écrits apocryphes chrétiens t. 1 et t. 2, Bibliothèque de la Pléiade no. 442 et 516, Éditions Gallimard, 1997 et 2005.

 

Benoît XVI, Origène et l’Évangile de Thomas

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Avr 212012
 

C’est une très belle homélie pour la vigile pascale qu’a prononcée Benoît XVI le 7 avril dernier. Vous pouvez la lire ici (en français) ou en anglais ou en italien.

Qu’on soit catholique pratiquant, qu’on soit protestant, agnostique ou athée; qu’on aime la pensée et la théologie de l’Église et de Benoît XVI ou qu’on ne l’aime pas, une chose est indéniable : Ce Pape est un très grand érudit, très grand connaisseur de la littérature patristique et du christianisme ancien. En effet, au cours de mes recherches, il m’est arrivé à quelques reprises de tomber sur un article académique de Joseph Ratzinger (i.e. Benoît XVI), notamment sur Augustin. Un érudit tel que lui cite ainsi avec beaucoup d’aisance les auteurs chrétiens anciens et ça se voit rapidement aussitôt aussi qu’on ouvre un de ses livres.

Or, dans son homélie, et ça vous a certainement sauté aux yeux, Benoît XVI cite Origène. Certains d’entre vous aurez vite pensé que ça a quelque chose d’exceptionnel. En effet, Origène est un auteur qui a été suspecté par l’orthodoxie à partir du quatrième siècle. J’en glisse un mot dans une recension parue il y a quelques années dans la revue Religiologiques que vous pouvez lire ici. On lui a aussi payé une vilaine traite au Concile de 553 (Constantinople) alors qu’on a condamné un certain nombre de propositions émises par Origène dans son Traité des principes (ou selon son titre grec Peri Archôn). Cela dit, l’Église latine (donc le Vatican) a conservé de nombreux textes d’Origène en traduction latine produites pour la plupart par Rufin d’Aquilée, mais aussi par ce cher Jérôme (un saint!) qui a bien souvent mauvaise presse (mais qui lui aussi était un érudit d’exception – mais avec un caractère inqualifiable!) Ainsi, les moines catholiques ont patiemment recopié des homélies et des commentaires bibliques d’Origène en latin. En nous rendant ce fier service, nous pouvons encore aujourd’hui lire ces pages édifiantes. Sans eux, elles auraient sombré dans un naufrage dans les profondeurs du néant et auraient été perdues à jamais.

Revenons donc à cette citation d’Origène dans l’homélie du Pape. Je cite (mais vous venez de la lire, vous la connaissez maintenant aussi bien que moi!) :

 

« Le Christ, la lumière est feu, il est la flamme qui brûle le mal transformant ainsi le monde et nous-mêmes. « Qui est près de moi est près du feu », exprime une parole de Jésus transmise par Origène. »

Oh! Comme c’est intéressant ça : « Qui est près de moi est près du feu »! Origène cite une parole non canonique de Jésus, ce qu’on appelle en “jargon d’érudit” un agraphon. Une parole de Jésus non-écrite, transmise par un père de l’Église. On en compte beaucoup de ces agrapha. Mais dans le cas qui nous intéresse, dans le cas de ces mots de Jésus que cite Origène et que cite à son tour le Pape, les trouve-t-on ailleurs? La réponse est oui! On trouve cette phrase dans l’Évangile de Thomas retrouvé parmi les textes de Nag Hammadi. Il s’agit du logion 82 que voici :

Jésus a dit : «Celui qui est près de moi est près du feu et celui qui est loin de moi est loin du Royaume.»

Hum…

La rumeur rapporte pourtant que l’Église tremble de peur devant les textes de Nag Hammadi et cherche à tout prix à les cacher au public…

On nous disait aussi que l’Église avait condamné l’Évangile de Thomas

Ah! Ces rumeurs, toujours rien que des rumeurs. Laissons donc ces rumeurs courir et nous, avançons.

Le Pape savait-il qu’il citait un texte supposément hérétique? Certainement! D’une part, on le sait, Benoït XVI est un érudit de premier ordre. On peut l’aimer ou non, ce fait est indéniable. C’est un très grand savant et un grand connaisseur de la littérature chrétienne ancienne : La Bible, les Pères de l’Église et les livres apocryphes. Le Pape ne peut pas ignorer qu’il cite un apocryphe. C’est impensable. Mais encore, Michael Peppard (voir le lien plus bas) signale que le Pape cite aussi le logion 108 dans un de ses livres afin d’éclairer le sens de l’Évangile de Jean (celui que nous lisons dans nos traductions de la Bible). Ça dit quoi ce logion 108?

 

Jésus a dit : «Celui qui boira à ma bouche deviendra comme moi; moi aussi je deviendrai lui et les choses cachées se dévoileront à lui.»

Wow!

 

Merci à Michael Peppard, professeur à l’Université Fordham à New York de nous l’avoir signalé!  (en anglais)

Colloque biblique de Montréal – Montreal Biblical Colloquium (19 avril 2012)

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Mar 142012
 

Montreal Biblical Colloquium

Colloque biblique de Montréal

April 19 / 19 avril, 2012

Concordia University / Université Concordia

1455 De Maisonneuve West (Room: H-769)

9:45am / 9h45 Coffee and continental breakfast / Café et petit déjeuner continental

10:10am / 10h10 Welcome / Mot de bienvenue

10:15am / 10h15 Serge Cazelais (Concordia – Université Laval)
Lectures philosophiques du prologue de Jean du deuxième au quatrième siècle

10:45am / 10h45 Brice C. Jones (McGill University / Université McGill)
A New Coptic Fragment of 2 Samuel 10 (P.Monst. Roca I I 4)

11:15am / 11h15 Coffee Break / Pause café

11:30am / 11h30 Alain Gignac (University of Montreal / Université de Montréal)
Le dispositif énonciatif en Rm 1,18-4,25. Une description cubiste de la justice de Dieu?

12:00pm / 12h00 Lunch / Dîner

1:30pm / 13h30 Shlomo Steven Mahn (McGill University / Université McGill)
Ben Sira’s Perspective of History in the Praise of the Fathers (Sir 44-50)

2:00pm / 14h00 Rachel de Villeneuve (University of Montreal / Université de Montréal)
L’oralité de l’écriture paulinienne: essai de « cartographie sonore » en 1 Corinthiens

2:30pm / 14h30 Break / Pause

2:45pm / 14h45 Calogero A. Miceli (Concordia University / Université Concordia)
Clothing as Narrative Props in the Gospel According to Mark

3:15pm / 15h15 Discussion: Colloquium 2013 / Colloque 2013

3:30pm / 15h30 End of the Colloquium / Fin du colloque

Piaf censurée… Jusqu’où ira le débat sur la laïcité au Québec?

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Fév 162012
 

Je n’ai jamais été aussi fier de faire partie d’une société laïque! En effet, le débat sur la laïcité dans l’espace et dans l’éducation publique vient d’être relevé d’un cran! Nos enfants sont hors de danger! Ils sont entre bonnes mains! La police de la laïcité veille au grain, prête à censurer toutes traces du passé qui ne s’insèrent pas dans la nouvelle idéologie moderne et progressiste de la laïcité québécoise!

En effet, une pernicieuse et subversive chanson française qui risque définitivement de chambouler la paix sociale a été heureusement censurée par une courageuse et évoluée direction d’école à Sorel-Tracy! Afin d’affermir le décret “ex-cathedra” du petit gourou qui a décroché un poste d’enseignant dans une de nos écoles, le pape de la commission scolaire, un certain… bah… taisons son nom au cas où il serait ineffable, a confirmé sur-le-champ au moyen d’une bulle – et confortablement assis dans la sienne que désormais, dans les sacro-saintes écoles laïques sous sa juridiction, certains mots, certains concepts qui ne cadrent pas dans son système de pensée unique seraient éradiqués. Un peu encore et il propose qu’on lève une nouvelle inquisition et force chacun des élèves sous lesquels il règne à boire les eaux du Léthé. Les détails sont ici :

 

Une chanson d’Édith Piaf censurée

 

J’aimerais proposer à ce professeur et à la direction de modifier la dernière ligne de l’Hymne à l’amour d’Édith Piaf afin de la rendre acceptable pour les standards de notre société moderne et libre, alimentée par la science, propulsée par le progrès et motivée par une soif de liberté de pensée et qui s’est entièrement émancipée des liens obscurantistes et rétrogrades que la religion nous avait imposés!

Plutôt alors que de chanter ceci à la dernière ligne de l’Hymne à l’amour : «D… réunit ceux qui s’aiment», je propose donc ceci  :

Chantons en coeur!

«L’être, ou le non-être potentiel, probable ou non et éventuellement à la fois immanent et/ou transcendant, mais peut-être aussi inexistant, ou simplement le néant, mais peut-être aussi est-il/elle/sont-il(s)/elle(e) multiple(s), masculin(s) ou féminin(s) et dont on ne peut dire s’il/elle/ils/elles existe(ent) ou non, ni s’il/elle/ils/elles agi(ssen)t ou pas dans ce monde et/ou hors du monde, sans préjudice à la définition de monde que chacun et chacune est libre de concevoir, aurai(en)t pu ou a/ont en fait ou n’a/n’ont pas du tout réunit dans l’espace publique et/ou privé deux entités libres non définies de couleurs, d’origine ethnique, d’orientation sexuelle, membres ou non d’une minorité visible, ayants ou non un handicap visible ou non et qui peuvent être hétéros, gaies, bisexuelles, voire zoophiles, abstinentes ou non, mariées ou engagées civilement ou en union de fait et qui éprouvent l’un pour l’autre un sentiment qui peut en certaines circonstances être qualifié de solidarité, qui forment un foyer un non, voire qu’ils sont des “fucking friends” et que leur relation n’est peut-être en fait que du cul!»

On me dira que ça ne rime pas et que ça ne cadre pas avec l’air de la chanson, mais qui s’en souciera? Ça a le mérite d’éviter les concepts et les mots d’une autre époque comme “Dieu” et “amour” et ça, c’est pour le plus grand bénéfice de nos enfants qui apprennent ainsi ce qu’est une société laïque et moderne et qui comprendront le sens de la véritable liberté d’expression et de pensée! Afin de relever d’un autre cran notre lucidité collective, je propose à ce nouveau clergé des convenances, gardien de l’orthodoxie laïque, qu’on mette l’oeuvre complète de Jean-Sébastien Bach à l’Index!

Un exemple parmi tant d’autre du manque de culture et d’éducation de certains enseignants québécois, mais aussi de la dérive totale du concept de “laïcité”. Au Québec, on confond laïcité et athéisme, avec comme prémice de fond que seuls les athées sont lucides et intelligents. C’est devenu classique, banal. On en parle sur les lignes ouvertes, on ajoute notre grain de sel sur un blog et voilà! La cause est entendue et c’est fini. On passe à un autre appel. On porte ainsi des jugements sur le passé en fonction de nos valeurs individuelles contemporaines et Dieu sait (pardonnez mon inconvenance) que les valeurs sont d’une nature bien volatile. Ce qui est accepté aujourd’hui sera certainement autre chose demain. On pousse dès lors très fort afin que ces valeurs ponctuelles se transforment rapidement en décrets et soient imposées à l’ensemble.

Le passé, l’histoire, ça ne se change pas. On peut apprendre du passé, l’apprécier, en être fier ou en avoir honte, mais que de vouloir le censurer, l’interdire, le cacher, le modifier dans des manuels scolaires et le taire, et qu’on le fasse effectivement comme dans cette école de Sorel-Tracy, me laisse plus que songeur. L’histoire (justement) nous montre que seuls les régimes totalitaires et les mouvements sectaires (politiques, religieux, idéologiques) agissent ainsi. Peut-être vient-on de comprendre pourquoi ces gens sont aussi pressés…

La décadence, c’est ça.

En attendant, bouchez-vous les oreilles et indignez-vous  :

 

 

Humoristiquement vôtre!

N.B. : Ce blog est modéré. Vos commentaires sont les bienvenus. Ils seront lus et devront être approuvés par un modérateur avant d’être publiés.