Fév 162012
 

Je n’ai jamais été aussi fier de faire partie d’une société laïque! En effet, le débat sur la laïcité dans l’espace et dans l’éducation publique vient d’être relevé d’un cran! Nos enfants sont hors de danger! Ils sont entre bonnes mains! La police de la laïcité veille au grain, prête à censurer toutes traces du passé qui ne s’insèrent pas dans la nouvelle idéologie moderne et progressiste de la laïcité québécoise!

En effet, une pernicieuse et subversive chanson française qui risque définitivement de chambouler la paix sociale a été heureusement censurée par une courageuse et évoluée direction d’école à Sorel-Tracy! Afin d’affermir le décret “ex-cathedra” du petit gourou qui a décroché un poste d’enseignant dans une de nos écoles, le pape de la commission scolaire, un certain… bah… taisons son nom au cas où il serait ineffable, a confirmé sur-le-champ au moyen d’une bulle – et confortablement assis dans la sienne que désormais, dans les sacro-saintes écoles laïques sous sa juridiction, certains mots, certains concepts qui ne cadrent pas dans son système de pensée unique seraient éradiqués. Un peu encore et il propose qu’on lève une nouvelle inquisition et force chacun des élèves sous lesquels il règne à boire les eaux du Léthé. Les détails sont ici :

 

Une chanson d’Édith Piaf censurée

 

J’aimerais proposer à ce professeur et à la direction de modifier la dernière ligne de l’Hymne à l’amour d’Édith Piaf afin de la rendre acceptable pour les standards de notre société moderne et libre, alimentée par la science, propulsée par le progrès et motivée par une soif de liberté de pensée et qui s’est entièrement émancipée des liens obscurantistes et rétrogrades que la religion nous avait imposés!

Plutôt alors que de chanter ceci à la dernière ligne de l’Hymne à l’amour : «D… réunit ceux qui s’aiment», je propose donc ceci  :

Chantons en coeur!

«L’être, ou le non-être potentiel, probable ou non et éventuellement à la fois immanent et/ou transcendant, mais peut-être aussi inexistant, ou simplement le néant, mais peut-être aussi est-il/elle/sont-il(s)/elle(e) multiple(s), masculin(s) ou féminin(s) et dont on ne peut dire s’il/elle/ils/elles existe(ent) ou non, ni s’il/elle/ils/elles agi(ssen)t ou pas dans ce monde et/ou hors du monde, sans préjudice à la définition de monde que chacun et chacune est libre de concevoir, aurai(en)t pu ou a/ont en fait ou n’a/n’ont pas du tout réunit dans l’espace publique et/ou privé deux entités libres non définies de couleurs, d’origine ethnique, d’orientation sexuelle, membres ou non d’une minorité visible, ayants ou non un handicap visible ou non et qui peuvent être hétéros, gaies, bisexuelles, voire zoophiles, abstinentes ou non, mariées ou engagées civilement ou en union de fait et qui éprouvent l’un pour l’autre un sentiment qui peut en certaines circonstances être qualifié de solidarité, qui forment un foyer un non, voire qu’ils sont des “fucking friends” et que leur relation n’est peut-être en fait que du cul!»

On me dira que ça ne rime pas et que ça ne cadre pas avec l’air de la chanson, mais qui s’en souciera? Ça a le mérite d’éviter les concepts et les mots d’une autre époque comme “Dieu” et “amour” et ça, c’est pour le plus grand bénéfice de nos enfants qui apprennent ainsi ce qu’est une société laïque et moderne et qui comprendront le sens de la véritable liberté d’expression et de pensée! Afin de relever d’un autre cran notre lucidité collective, je propose à ce nouveau clergé des convenances, gardien de l’orthodoxie laïque, qu’on mette l’oeuvre complète de Jean-Sébastien Bach à l’Index!

Un exemple parmi tant d’autre du manque de culture et d’éducation de certains enseignants québécois, mais aussi de la dérive totale du concept de “laïcité”. Au Québec, on confond laïcité et athéisme, avec comme prémice de fond que seuls les athées sont lucides et intelligents. C’est devenu classique, banal. On en parle sur les lignes ouvertes, on ajoute notre grain de sel sur un blog et voilà! La cause est entendue et c’est fini. On passe à un autre appel. On porte ainsi des jugements sur le passé en fonction de nos valeurs individuelles contemporaines et Dieu sait (pardonnez mon inconvenance) que les valeurs sont d’une nature bien volatile. Ce qui est accepté aujourd’hui sera certainement autre chose demain. On pousse dès lors très fort afin que ces valeurs ponctuelles se transforment rapidement en décrets et soient imposées à l’ensemble.

Le passé, l’histoire, ça ne se change pas. On peut apprendre du passé, l’apprécier, en être fier ou en avoir honte, mais que de vouloir le censurer, l’interdire, le cacher, le modifier dans des manuels scolaires et le taire, et qu’on le fasse effectivement comme dans cette école de Sorel-Tracy, me laisse plus que songeur. L’histoire (justement) nous montre que seuls les régimes totalitaires et les mouvements sectaires (politiques, religieux, idéologiques) agissent ainsi. Peut-être vient-on de comprendre pourquoi ces gens sont aussi pressés…

La décadence, c’est ça.

En attendant, bouchez-vous les oreilles et indignez-vous  :

 

 

Humoristiquement vôtre!

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