Depuis la mise en ligne de mon article L’Évangile de Judas cinq ans après sa (re)découverte. Mise à jour et perspectives, je reçois des courriels de lecteurs qui doutent de ce que je dis. Afin de vous rassurer, si cela est possible : Il n’y a pas de complot visant à censurer l’Évangile de Judas. Mon article n’a pas été commandé par les autorités religieuses et il ne s’agit pas de propagande religieuse et anti-scientifique. Je persiste et je signe (et svp, lisez mon article au complet, pas seulement l’introduction et la conclusion…) : Les volumes consacrés à l’Évangile de Judas publiés par la National Geographic Society et traduits dans de nombreuses langues l’ont été prématurément, avant que la communauté scientifique n’ait pu discuter du contenu (il n’y a pas eu d’examen par les pairs, ce qu’on appelle en anglais «peer review»). C’est très inhabituel que des livres de vulgarisation destinés au grand public paraissent avant les rapports scientifiques. Ce fut le cas avec l’Évangile de Judas. Je n’invente donc pas, ni ne donne une série d’«opinions» en «(gardant) le silence sur ce qui (me) gêne». Je donne des exemples précis de traductions qui me semblent nettement orientées en m’appuyant sur la sémantique et la syntaxe du copte (lisez l’article svp avant de me dire que j’invente tout et que je spécule). De plus, il y a effectivement des nouveaux fragments de l’Évangile de Judas qui ont fait surface et qui corrigent et rendent désuète l’interprétation initiale proposée par l’équipe qui a produit les premières traductions destinées au grand public. C’est super intéressant tout ça et je m’étonne que certains lecteurs aient des réserves à recevoir et à accepter ces nouvelles données, soupçonnant un complot des autorités religieuses et qu’ils tiennent mordicus à la version popularisée par la campagne médiatique et les publications de la National Geographic Society.
Je ne suis absolument pas le seul à le dire qu’il y a des nouveaux fragments. Ils sont accessibles (avec des images digitales) sur la page web de Gregor Wurst (Université d’Augsbourg), lui qui était de l’équipe initiale. Mais encore, un article scientifique paru dans la revue Early Christianity en 2009, signé par le trio Krosney, Meyer et Wurst (trois signataires de livres publiés à la National Geographic Society), en présente un rapport préliminaire :
H. Krosney, M. Meyer, G. Wurst, « Preliminary Report on New Fragments of Codex Tchacos » Early Christianity 1, 2010, p. 282-294.
Cet article n’est pas accessible gratuitement sur le web, mais si vous vous adressez à une bibliothèque universitaire, le personnel se fera un plaisirs de vous le rendre disponible. Je l’ai en format PDF, mais je ne me risque pas à le diffuser…
Une monographie en espagnol, recensée par Louis Painchaud dans le numéro 3-2012 de la Revue d’histoire des religions en propose une traduction. Ce même Louis Painchaud en a fait état à l’Académie des inscriptions et belles lettres le 13 mai 2011. Anna Van den Kerchove (Institut européen en sciences des religions) le signale sur son blog et renvoie à la page web de Gregor Wurst.
**En date du 6 janvier 2013 j’ajoute un lien vers la nouvelle traduction française de Pierre Cherix (Université de Genève) qui tient compte des nouveaux fragments (un PDF va s’ouvrir) : http://www.coptica.ch/Cherix-EvJudas.pdf.
J’ignore pourquoi le grand public n’est pas informé de ça.
Ce qui devrait nous étonner et qui devrait alimenter nos réflexions est plutôt le silence des médias concernant ces nouveaux fragments.
En souhaitant que la National Geographic consacre un numéro thématique aux nouveaux fragments. Mais peut-être que ça ne serait pas aussi vendeur ? La question se pose…
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