Deuxième d’une série de chroniques sur l’Avent (novembre 2016)
L’Avent, c’est la visite réconfortante de ce Dieu qui prend l’initiative et qui nous invite à poser un geste.
Une réflexion :
Lorsque je me mets dans l’ambiance de Noël, j’ai en mémoire les nombreuses occasions pendant lesquelles j’ai reçu un parent ou un ami dans ma demeure et ou rendu visite à des personnes qui souffraient de solitude (Mt 25, 36) – cette forme de pauvreté qui se répand à grande vitesse dans nos sociétés. Ceci me rappelle une histoire, celle de deux femmes enceintes, Élisabeth et Marie. La première a accueilli l’autre qui lui rendait visite (Lc 1, 39-45). Pour la remercier, Marie lui a offert un cantique, le Magnificat, chant qui célèbre ce Dieu qui a rendu visite à l’humanité.
46 Alors Marie dit : « Mon âme exalte le Seigneur
47 et mon esprit s’est rempli d’allégresse
à cause de Dieu, mon Sauveur,
48 parce qu’il a porté son regard sur son humble servante.
Oui, désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse,
49 parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses :
saint est son Nom.
Dieu agit en Marie et à travers elle; une attente est comblée et se réalise, mais d’une manière qui a de quoi surprendre! Marie est une femme humble (1 Sam 1, 11), une servante; ce qualificatif n’est pas anodin. Le mot grec de l’évangile est doulè, et signifie littéralement une esclave. C’est elle qui bénéficie la première du salut et qui donne naissance au Fils de Dieu. Combien cela a-t-il dû étonner, et résonner aux oreilles de ceux qui avaient soif de justice (Mt 5, 6) et de liberté dans le monde antique! Que faisons-nous aujourd’hui de cette bonne nouvelle alors que nous en redécouvrons la portée?
Cette visite de Dieu initie alors un temps nouveau. Lisons la suite :
50 Sa bonté s’étend de génération en génération sur ceux qui le craignent.
51 Il est intervenu de toute la force de son bras ;
il a dispersé les hommes à la pensée orgueilleuse ;
52 il a jeté les puissants à bas de leurs trônes
et il a élevé les humbles ;
53 les affamés, il les a comblés de biens
et les riches, il les a renvoyés les mains vides.
Dieu est loué pour son engagement envers les captifs, les personnes victimes des puissances du monde. Dieu les délivrera! Voilà le sens du nom de celui qui est attendu : Yeshouah (יֵשׁוּעַ), c’est-à-dire Jésus! Ce salut rassasie et comble les manques. Il inaugure une ère où les ressources seront redistribuées. Que faisons-nous de cette parole, nous qui la lisons et l’entendons chaque jour en cette période de l’Avent? Lisons la suite :
54 Il est venu en aide à Israël son serviteur
en souvenir de sa bonté,
55 comme il l’avait dit à nos pères,
en faveur d’Abraham et de sa descendance pour toujours. »
En relisant ce texte du Magnificat, deux attitudes prennent forme en mon esprit. La première en est une de réceptivité : Dieu se souvient de sa promesse et il la remplit. J’accueille cette promesse et sa réalisation. C’est bien lui qui a pris les devant! Il nous invite avec insistance à en accueillir la réalisation et à dire oui. Il nous appelle à faire comme son Fils qui nous déclare «Bienheureux» (Luc 6, 20-26), ainsi que l’ensemble de ceux et celles qui bénéficient de cette délivrance de l’emprise du mal. En devenant les imitateurs du Christ (Ph 2, 5), nous nous engageons alors à prendre une attitude active et à poser des gestes concrets pour construire un monde meilleur, pour construire le Royaume de Dieu en nous et autour de nous. C’est ainsi que nous pouvons affirmer que Dieu est avec nous (Is 7, 14; Mt 1, 23), et qu’il ne fera rien sans nous!
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Je tiens à remercier mon collègue Gilles Marleau pour son assistance et pour quelques idées contenues dans ce texte!
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