C’est ce soir que ça recommence! Le Mardi 21h00 (en reprise le dimanche à 10h00) sur l’ensemble du réseau Radio Ville-Marie. Les trois premières émissions de la saison sont consacrées à la lecture de la Bible : Lire selon la chair et lire selon l’esprit. Pour les trois prochaines semaines, nous parlerons d’interprétation biblique telle qu’elle se pratiquait au premier siècle (jusqu’au troisième).
La question que nous nous posons est la suivante : Comment lisait-on l’Écriture (l’Ancien Testament des chrétiens) au sein des communautés juives du premier siècle de notre ère? Les rédacteurs des évangiles et l’apôtre Paul héritent de ces manières de lire. Des auteurs chrétiens anciens (Pères de l’Église) comme Origène et d’autres affirment que l’Écriture se lit de trois manières : Le sens littéral dresse la table, construit le récit, règle la syntaxe et s’occupe des choses corporelles. Un deuxième niveau de sens s’adresse à l’âme, lui révèle sa condition, lui suggère une manière de se conduire et l’appelle à l’éveil. Le troisième niveau ouvre le chemin du retour. Il enseigne à l’âme comment s’unir à l’Esprit et entrer à nouveau dans la maison du Père. Cela dit, Origène signale dès le troisième siècle que nombreux sont ceux qui, au sein de l’Église ne savent plus comment accéder aux trois niveaux de sens…
Dans la littérature juive rabbinique, notamment dans le Talmud, il existe une légende qui raconte que quatre grands rabbins sont entrées au Paradis… On y apprend que l’un d’eux, un mystérieux rabbin dont la Tradition ne veut plus prononcer le nom serait entré au Paradis et y aurait coupé les jeunes pousses. Le Paradis (PaRDeS) serait-il un mot code pour parler du monde de l’interprétation de l’Écriture?
PESHAT : le sens littéral du texte qui ne traite que du monde matériel et sensible. C’est le niveau où s’arrête la majorité.
REMEZ : l’allusion et l’insinuation qui se découvre au moyen de règles herméneutiques appliquées sur le texte.
DERASH : l’interprétation figurée, notamment la parabole, la légende, le proverbe à partir desquels on enseigne et tire une leçon une fois que des règles herméneutiques ont été appliquées au texte.
SOD : le Secret, qui consiste dans le niveau ésotérique, spirituel traitant de la métaphysique et de la révélation des réalités surnaturelles, secrètes et mystérieuses, de la relation entre l’âme et Dieu.
Si le sujet vous intéresse (en attendant mon livre…), vous pouvez lire certains de mes articles en ligne :
“Le sommeil d’Adam dans deux traités de Nag Hammadi”, Études coptes X, Douzième journée d’études (Lyon, 19-21 mai 2005), A. BOUD’HORS et C. LOUIS (Eds.), Paris: De Boccard (Cahiers de la Bibliothèque copte 16, Collection De l’Université Marc-Bloch-Strasbourg), 2008, p. 249-257.
“Sens corporel et sens spirituel de l’Écriture selon Origène et Marius Victorinus”, Scriptura, 10 (2008), p. 9-22.
13 Responses to ““Aux premiers temps de la chrétienté”, saison d’hiver 2013”
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Bonjour,
Effectivement, il est trop facile de confondre Vierge, Ève et femme actuelle. Tout comme il est facile de confondre Christ, Adam et homme actuel.
Alors que nous ne sommes que des images…(quoique l’image est importante)
Je sais que vous êtes très occupé et je n’attends rien de vous en particulier, même si j’apprécie vos répliques. Ce que je donne, je le donne.
Je laisse un commentaire dans votre blogue au sujet du texte le « Sommeil d’Adam » que je n’avais pas encore lu.
Je me rends compte que ça résume l’essentiel du pourquoi je suis sortie du silence. Ça me paraît simple.
Aussi, tous vos efforts de traduction juste sont essentiels pour tous, faudra continuer en ce sens.
Maintenez votre Foi vivante et vous viendrez à bout du récit.
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Au sujet du texte : « Le sommeil d’Adam dans deux traités de Nag Hammadi », on fait référence au commencement, c’est-à-dire à la création d’Adam et au fait que les Archontes l’auraient fait entrer dans un profond sommeil visant à l’induire en erreur.
En fait, on remarque que le plus grand d’entre eux, fier de sa création Vivante qu’est Adam, croit qu’il est Dieu et qu’il n’y a rien au-dessus de lui…Une voix, « provenant de l’incorruptibilité » se fait entendre et se fait voir « à la surface des eaux » (miroir) en lui disant qu’il se trompe et qu’il y a plus grand que lui. Ils tentent de reproduire cette image (en créant Eve) à l’aide du modèle d’origine (Adam) et soudainement l’incorruptibilité entre dans Eve également et Adam la reconnaît comme étant « sa Vie »…La Vérité sur lui-même vient de lui être révélée par sa co-ressemblance.
Les Archontes reconnaissent alors que leur « modelage d’homme » a pris Vie par l’action d’un Être supérieur à eux-mêmes et il est dit que certains « voulurent tromper l’homme parce qu’il était apparenté à ce qui est vraiment bon » (évangile de Philippe, loggion 13).
Dés lors, il me semble qu’on remarque que deux enseignements différents sont proposés dans ce Paradis : l’un qui vise simplement à instruire Adam et Eve sur la réalité qui les entoure et l’autre vise à les détourner de la Connaissance de leur propre Vérité,..s’en suit la chute.
(L’arbre interdit des lois ou « de la connaissance du bien et du mal » semble être le véritable problème, car après en avoir mangé il est dit que leurs yeux s’ouvrirent et qu’ils apprirent ce qui était bien ou mal de manger, alors qu’ils pouvaient manger de tout au Paradis justement…et oui même de cet arbre qui leur offrit un Savoir les entraînant immédiatement ici-bas : là où les lois du bien et du mal sont vitales…mais ils avaient le choix…
En somme, il est écrit dans un autre traité de Nag Hammadi (évangile de Philippe, loggion 94) :
« D[ieu a plant]é u[n para]dis ; l’hom[me . . . . . . . para]dis. Il y a . [ . . . . . . . . . . . . . . . . ] . . . . dans le [ . . . . . . . . . . . . . ] de Dieu, dans [ . . . . . . . . . . . . ] . . ceux qui sont dans [ . . . . . . . . . . . . ] je veux. Ce parad[is serait le lieu où] l’on me dirait de [ . . . . manger] ceci ou de ne pas mange pas [cela comme je le] voudrais ? Il est là [où] je peux manger de toute chose !
C’est là que se trouve l’arbre de la connaissance. Celui-là a tué Adam, ici au contraire, l’arbre de la connaissance a vivifié l’homme. La loi, c’était l’arbre. Elle a la propriété de donner la connaissance du bien et du mal. Elle n’a pu ni arracher (Adam) au mal ni l’établir dans le bien, mais elle fit la mort de ceux qui en mangèrent, car lorsqu’on a dit « Mange ceci, ne mange pas cela » ce fut le commencement de la mort. »)
Pour en revenir à votre texte mentionné au départ, vous établissez un parallèle entre le sommeil trompeur dont Adam a fait l’objet (traité de Nag Hammadi) et celui dans lequel Abraham fut plongé par la suite (Ancien Testament).
N’est-ce pas là la principale pierre d’achoppement sur laquelle on risque de buter…
Car voici : si on admet que certains archontes ont plongé Adam dans le sommeil de l’ignorance de sa propre Vérité (par l’entremise d’un Savoir qui ne lui était pas nécessaire au Paradis) afin qu’il chute et devienne leur esclave, on comprend qu’Abraham, bref la descendance d’Adam, avait déjà plongé dans cette ignorance et l’esclavage qui s’en est suivi; et donc il est clair que le sommeil « dans lequel Yahvé aurait plongé Abraham par la suite », (pour lui insufler une révélation) n’est nécessairement pas de même nature que celui dans lequel Adam fut emporté, mais plutôt ayant carrément le but inverse..
Autrement dit, si la Connaissance de notre Vérité a pu être « endormie » par un Savoir transmis par les archontes (ceux qui ont détourné sciemment Adam de sa Vérité), on doit nécessairement « faire taire ce Savoir mental » afin de recouvrer la Connaissance de notre Vérité première, du moins pendant un moment. (Je pense entre autre aux « ravissements » de Thérèse d’Avila ici…et non pas aux enlèvements par des ovnis (!))
Bref, est-ce que ces fameux écrits religieux ne démontrent pas tout le drame dans lequel l’être humain nage ici-bas, soit : « choisir l’orgueil de se rendre maitre par lui-même » qui le rend esclave d’un univers dense et matériel ou « choisir de se rabaisser à l’humilité devant l’Être Suprême » qui le ramènerait à la Connaissance de sa Vérité première, sans pour autant garantir sa subsistance.
(Drame parce que le choix revient à placer son cœur/volonté dans l’une ou l’autre de ces options et que chacune comporte un sacrifice/deuil et une certaine soumission dans notre état actuel…)
Le Seigneur a dit : « la Vérité vous rendra libres », mais la propension à se vouloir déjà libre par orgueil n’est-elle pas la principale faiblesse sur laquelle l’humain bute encore et encore?
Dans un autre ordre d’idée, mais dans le même contexte, « le voile » qui fut placé pour séparer la corruptibilité de l’incorruptibilité n’était-il pas nécessaire ? (Je pense à votre drôle d’histoire sur ce « rabin », qui se serait faufilé jusqu’au paradis et en aurait coupé les jeunes pousses!)
Je raboute votre citation d’Isaie ch. 29 (8-13)
« Et ce sera comme le rêve de l’affamé : le voici qui mange, puis il s’éveille, l’estomac creux; ou comme le rêve de l’assoiffé : le voici qui boit, puis il s’éveille épuisé, la gorge sèche. Ainsi en sera-t-il de la horde de toutes les nations en guerre contre la montagne de Sion.
Soyez stupides et stupéfaits, devenez aveugles et sans vue; soyez ivres, mais non de vin, titubants, mais non de boisson,
car Yahvé a répandu sur vous un esprit de torpeur, il a fermé vos yeux les prophètes , il a voilé vos têtes les voyants
Et toutes les visions sont devenues pour vous comme les mots d’un livre scellé que l’on remet à quelqu’un qui sait lire en disant : » Lis donc cela. » Mais il répond : » Je ne puis, car il est scellé. »
Et on remet le livre à quelqu’un qui ne sait pas lire en disant : » Lis donc cela. » Mais il répond : » Je ne sais pas lire. »
Le Seigneur a dit : Parce que ce peuple est près de moi en paroles et me glorifie de ses lèvres, mais que son cœur est loin de moi et que sa crainte n’est qu’un commandement humain, une leçon apprise (…) »
Le don de l’Esprit-Saint (don de la Foi) est donc primordial pour se réveiller. Et comment l’obtient-on?
On en revient au commencement…
Bonjour Serge,
J’apprécie votre émission radiophonique.
Je suis saisie d’étonnement d’apprendre la signification et le sens de la transformation du nom d’Abram en Abraham. Ainsi la lettre hé (notre h ?) signifierait en hébreu un devenir spirituel accordé par Dieu. Cela nous ramène encore à l’élection divine dans la religion hébraïque.
Quand vous citez certains titres des Écrits gnostiques, j’ai l’impression que leur lecture complètent celle des deux Testaments. Et je m’en réjouis
Quant aux interprétations des Écritures, je regrette que la plupart des prêtres catholiques de ma jeunesse n’aient pas été érudits et versés en herméneutique.
Comme vous l’écrivez dans votre blogue, le texte biblique s’interprète à différents niveaux. Pauvre majorité chrétienne à qui on a offert un texte annonçant un Dieu mâle et cruel.
Heureusement il y a Jésus.
Cordialement,
Lorraine Couture
Bonjour,
Prêt à recevoir des tomates de la part des exégètes contemporains ?? :p
À ce propos j’aimerais avoir votre avis. Je suis justement en train de suivre des cours d’exégèse et d’herméneutique. Et comme vous le dites, on nous enseigne que les méthodes d’interprétation des Pères de l’église sont peu recommandable et même à rejeté.
Pourtant, il est vrai et clair que les méthodes d’herméneutiques juives, celles des apôtres et celles de l’église jusqu’à tard…ont été celles-ci.
Pourquoi ce changement ? Qu’elles sont les conséquences ? Comment après tant d’histoire d’interprétation on se retourne maintenant en balayant du revers de la main cette herméneutique figuré/allégorique/spirituel ?
Conscient de l’ampleur de ma question, je me contenterai s.v.p. d’une réponse quelque peu brève…
Merci infiniment, vos commentaires/enseignements sont précieux !
Jonathan.
Je vous réponds vendredi. Vous préférez une réponse sur le blog ou par courriel?
courriel s.v.p… sans vouloir privé les autres de votre réponse 🙂
merci beaucoup !
*** J’ai édité votre message afin de rendre invisible votre adresse personnelle.
-Admin
Je viens de vous envoyer un mot par courriel.
Pourriez-vous faire le lien herméneutique du passage mentionné ce matin dans Gen.3,23-24 « Ayant chassé l’homme, il posta les chérubins à l’orient du jardin d’Eden avec la flamme de l’épée foudroyante pour garder le chemin de l’arbre de vie » et le verset du dernier chapitre de l’apocalypse soit 22,14 « Heureux ceux qui lavent leurs robes afin d’avoir droit à l’arbre de vie ».
Merci.
Bonjour !
J’ai l’impression que sa n’a pas fonctionné ?!…
Je viens de l’envoyer à nouveau. Vérifiez dans votre dossier spam au cas où.
Bonjour Serge,
Ce matin (17 février), votre émission était aussi passionnante que les précédentes.
Vous avez mentionné le Dialogue d’Isis à Horus. Où se retrouve ce texte ?
Je ne le retrouve ni dans les Écrits gnostiques, ni dans les Apocryphes, ni dans les Intertestamentaires.
Un texte hermétique que je médite constamment :
« Monte plus haut que toute hauteur, descends plus bas que toute profondeur. Rassemble en toi-même les sensations de tout le créé, du feu et de l’eau, du sec et de l’humide, imaginant que tu es à la fois partout, sur la terre, dans la mer, au ciel, que tu n’es pas né encore, que tu es dans le ventre maternel, que tu es adolescent, vieillard, que tu es mort, que tu es par-delà la mort. Si tu embrasses par la pensée toutes ces choses à la fois, temps, lieux, substances, qualités, quantités, tu peux comprendre Dieu. »
Poimandrès (XI, 20)
M. Normand Cazelais a raison : la brièveté de l’émission est frustrante !
Le Dialogue d’Isis à Horus se trouve dans le corpus des alchimistes grecs. Ces volumes (qui datent du 19e siècle) sont épuisés depuis longtemps et sur le marché des bouquinistes, ils coûtent une fortune. Cela dit, sur Abebooks il se vend des éditions photocopiées et c’est abordable – mais c’est de la photocopie scanné et relié.
J’ai tout ça en PDF (textes grecs et traductions) gratuit.
Serge
** Ajout : Je viens de trouver les volumes scannées sur le web :
http://remacle.org/bloodwolf/alchimie/table.htm
Isis à Horus se trouve ici
Un immense merci Serge ! Voici ce que j’avais trouvé sur Persée :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1988_num_205_1_1935
UNE SCÈNE D’INITIATION ALCHIMIQUE :
LA « LETTRE D’ISIS À HORUS ». Michèle Mertens
Je crois que c’est une critique textuelle… ?
Au plaisir,
Lorraine Couture
Bonjour à tous sur ce fil,
Si je peux me permettre…au sujet des fameux « Isis » et « Osiris », il y a la très honorable Anne-Catherine Emmerich qui a reçu une certaine révélation à ce sujet…(ce qui n’enlève rien aux contes des Égyptiens, au contraire, je suis de ceux qui croient que cela démontre beaucoup, bref, une vision différenciée…)
Voici un bout de « la partie cruciale sur la question » à ce sujet, mais je vous laisse le lien plus bas pour plus de précisions (et le détour en vaut la peine, j’assure) :
« Le peuple était effroyablement idolâtre et les prêtres des faux-dieux faisaient preuve de tant d’ignorance et de goét pour les arts divinatoires, qu’ils collectionnaient à Héliopolis tous les récits de songes et de visions de n’importe qui et les transcrivaient, et se livraient à l’observation continue des étoiles. Il y avait de plus en plus de somnambules en proie à des visions diaboliques, dans lesquelles se mêlaient le vrai et le faux c’est à partir de cela que fut organisé le panthéon des idoles et que l’on établit un calendrier. Je vis ainsi que les dieux Isis et Osiris ne sont rien d’autre que Aseneth et Joseph, Leur venue en Egypte avait été annoncée par les astrologues, qui en eurent la révélation à partir de leurs visions diaboliques, et qui les intégrèrent au panthéon égyptien. Lorsqu’il vécurent en Egypte, ils furent idolâtrés, et j’ai vu Aseneth pleurer beaucoup à cause de cela et écrire contre ces déviations. »
Lien : http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/CatherineEm/Alliance.html#josephetaseneth