Déc 192016
 

Un blog fait écho à une de mes recherches sur la masculoféminité d’Adam à partir de certaines variantes textuelles de Gen 1, 26-27 qu’on lit chez Marius Victorinus et dans des manuscrits coptes et dont font écho Augustin et quelques traités de Nag Hammadi. L’article est signé par Christof Rolker :

„… fecit ipsum masculofeminam“: Marius Victorinus, the ancient Latin Bible, and hermaphrodites

J’ai quelques articles en préparation qui trainent sur ma table de travail depuis trop longtemps. 2017 serait un bon moment pour reprendre ce travail!

L’article dont il est question sur le blog se trouve ici. Sur demande, je vous fais parvenir un PDF (si vous n’êtes pas inscrits sur academia.)

Déc 142016
 

Et si j’avais une sœur, un fils ou un cousin qui menaient des vies qui ne sont pas conformes à mes principes, à mes idéaux? Partageraient-ils ma table à Noël? Portrait d’une sainte famille :

La généalogie qui ouvre l’évangile selon Matthieu ne constitue pas un élément banal. Elle s’ouvre par les mots suivants : « Livre des origines de Jésus Christ » (Mt 1, 1) en écho à Genèse 5, 1 qui présente la même expression en grec ancien (biblos geneseôs, traduisant l’expression en hébreu ze sefer ṯoldoṯ). En appliquant certaines règles herméneutiques qui étaient celles du judaïsme à l’époque de Jésus, nous serait-il permis de lire que la naissance de Jésus inaugure celle d’une toute nouvelle humanité?

Portons ainsi notre attention sur certains noms mentionnés dans cette généalogie, les noms de quatre femmes : Thamar (Mt 1, 3), Rahab et Ruth (Mt 1, 5), et une autre qu’on désigne sous le nom de “femme d’Urie” (Mt 1, 6). Celles-ci, chacune à sa façon, ont connu un destin bouleversant.

La première, Thamar, épousa un fils du patriarche Juda qui décéda, puis, suivant la coutume de l’époque épousa le frère du premier qui décéda à son tour. Celle-ci demeurant sans enfants avait été promise au troisième frère, mais voyant que cette promesse tardait à se réaliser, elle décida de se vêtir en courtisane et de séduire son beau-père afin d’enfanter une descendance. (Gn 38, 13-26).

La seconde, Rahab, était une prostituée de la ville de Jéricho qui porta assistance et cacha deux hommes qui avaient été envoyés par Josué (Josué 2, 1). Elle devint la mère d’un certain Booz qui épousa la troisième femme mentionnée dans la généalogie de Jésus. Celle-ci se nomme Ruth et elle avait le statu d’étrangère en Israël de par ses origines moabites (Ruth 1, 4).

La quatrième femme de cette généalogie n’est pas désigné par son nom par l’évangéliste, mais plutôt en référence au nom de son époux, Urie, un hittite. Le roi David l’ayant fait venir à sa chambre et celle-ci s’étant trouvée enceinte, le roi organisa un moyen de faire mourir Urie. Cette histoire scandaleuse est racontée en 2 Sam 11. Ce premier enfant ne survécu pas, mais l’union de David et de Bethsabée donna naissance à celui qui deviendra le roi Salomon (2 Sam 12, 24)

Cette généalogie, nous fait voir que le Messie d’Israël est né au sein d’une famille qui compte dans son histoire un certain nombre d’unions irrégulières, pour ce qui est des lois, us et coutumes de l’époque. Se pose alors la question suivante : Pourquoi ne pas avoir enjolivé cette histoire en la remaniant et en retranchant ces épisodes troublants? Une certaine culture populaire est en effet convaincue que le texte biblique a subit au cours des âges un certains nombre de censures destinées à le rendre plus acceptable aux oreilles des fidèles. Mais le texte est tel qu’il est et nous ne le changerons pas. Serait-ce au fond que le véritable sens de « sainte famille » se trouve révélé en filigrane au sein de cette généalogie? Et moi? Ma famille? En quoi constitue-t-elle le reflet de cet idéal de sainteté?

Que fais-je alors avec mes proches? Dois-je les recevoir à Noël? Ai-je, volontairement ou non négligé d’inviter l’un, ou l’une ou l’autre à cause d’événements qui se sont produits dans leur passé, ou bien à causes de circonstances présentes, ou parce que telle cousine a un ami d’une origine ethnique, ou d’une tradition religieuse qui n’est pas celle du reste de la famille? Je me suis ainsi engagé pour ma part à prendre ce beau risque, celui de changer mes habitudes et de faire une rencontre. J’ai lu aussi que Dieu est amour (1 Jn 4, 8) et qu’il ne fait pas de discrimination (Ac 10, 34-36) et qu’il peut même faire surgir des fils d’Abraham d’une simple pierre (Mt 3, 9). Combien plus alors d’une sœur, d’un cousin mal aimé ou de quiconque à qui je pense et qui viendra partager ma table à Noël. Je m’offre ce cadeau à Noël qui consiste à dire oui à cette attitude, à dire oui à cette nouvelle humanité qui forme une fraternité au sein de laquelle nous sommes des frères et des soeur du Christ et en Christ.

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Pour aller plus loin, ces deux magnifiques ouvrages de mon ami Michel Dujarier :

Église – Fraternité, tome 1 : L’Église s’appelle « Fraternité », Paris: Éditions du Cerf, 2013.

Église – Fraternité, tome 2: L’Église est « Fraternité en Christ », Paris: Éditions du Cerf, 2016.

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Merci encore à Gilles Marleau pour ses corrections et suggestions.

Déc 072016
 

Que ce serait-il produit si Joseph avait suivi à la lettre ce que lui prescrivait la Loi et les préceptes religieux de son temps ?

Une réflexion :

L’histoire de la naissance du Sauveur contient des détails qui, lorsqu’on s’y arrête, nous invitent à une réflexion qui dépasse les cadres auxquels nous sommes habitués. À force de relire ces récits, toujours comme s’il s’agissait de la première fois, je note que celui qui fut le père de Jésus le nazaréen aurait bien pu faire basculer le cours de l’histoire s’il s’en était tenu à une interprétation littérale et rigoureuse de ce que lui prescrivait la Loi de Moïse! Joseph était en effet un homme juste, et voyant que Marie était enceinte, il décida de la renvoyer discrètement plutôt que de l’exposer sur la place publique (Mt 1, 19).

Portons-nous quelques années plus tard alors que des leaders religieux, des scribes et des pharisiens, conduisent une femme au milieu de la place publique (Jn 8, 3). Lisons :

« Maître, lui dirent-ils, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? » (Jn 8, 4-5)

Jésus les amène alors aux limites vers lesquelles leur religiosité et leur légalisme les conduisaient et il leur répond :

« Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. »  (Jn 8, 7), refusant ainsi de la condamner.

Il l’invita ensuite à se réapproprier de sa dignité que sa condition et le regard des autres avait dépréciée (Jn 8, 11). 

La démarche de foi qui fut celle de Joseph est celle que je choisis de faire mienne, une foi subversive qui transgresse la lettre de la Loi (2 Co 3). Je profite de la période de l’Avent pour me questionner à nouveau sur ce qui devrait être au centre de chacune de mes rencontres, celles que je fais à chaque jour, tout au long de l’année. Je m’invite à poser un regard différent et nouveau sur ceux et celles qu’un premier regard me fait déprécier. Quel trésor enfouit se cache dans le cœur de l’humain? (Mt 6, 21) Qu’est-ce qui m’empêche de voir que c’est Dieu qui se reflète dans leur regard, que c’est Dieu qui se reconnaît dans leur condition?

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Grand merci à mon collègue et ami Gilles Marleau pour sa relecture et ses suggestions!